Mon rapport à l'Italie a toujours été très particulier. Passionnée d'italien dès mon plus jeune âge, je me tourne néanmoins vers l’Espagne, où je vécus quelques années et dont je pratique aujourd’hui la langue au quotidien. Dans la froideur de Castille, j'imaginais la douceur romaine et rêvais de Florence. Plus tard, alors qu'enfin je me mis à étudier l'italien de façon sérieuse mais néanmoins velléitaire, mes séjours en Italie n'étaient motivés que par des passages plus ou moins courts pour, la plupart du temps, rejoindre les Balkans qui, au gré de mes rencontres, étaient devenus un « objet d'étude » tant au niveau linguistique que de celui de mes errances de voyageuse. Une nuit, alors que depuis le bateau Bari-Bar, je voyais l'Italie brillant de ses mille feux s'éloigner dans le néant, une émotion monta et l'évidence m’apparut. Si j'aime tant l'Italie, pourquoi ne pas y aller ? Pourquoi ne pas y rester ? Pourquoi ne pas faire de voyages qui auraient exclusivement pour but l'Italie? Pourquoi négliger ce que l'on a à portée de main pour privilégier ce qui est loin, inaccessible, exotique, difficile à appréhender parfois? « Lorsque j'aurai le temps » ... Lorsque j’aurai le temps, j’irai en Italie, sans me rendre compte qu’aller en Italie a toujours été mon désir secret, là, enfoui au fond de moi-même. Lorsque j’aurai le temps, je serai vieille et je mourrai et il sera trop tard. Alors l'Italie s'est imposée à moi dans ce désir de profiter de ce qui m'est offert, comme une errance, un chemin de vie.
Vendredi, 27 Juillet 2018